1. Françoise Delpon, pouvez-vous présenter votre livre ?
‘"Il était une foi" est constitué d’extraits de mon journal intime. Comme beaucoup d’adolescentes j’avais coutume, plus jeune, d’écrire les moments importants de mon histoire personnelle dans un cahier secret. Quand ma vie familiale a basculé pour les raisons expliquées dans le livre, la nécessité de reprendre la plume s’est immédiatement faite sentir. C’est une démarche simple qui permet un retour sur soi-même et sur les évènements, elle permet de prendre du recul et d’analyser plus sereinement la situation, de libérer une partie des tensions ; c’est un acte thérapeutique, un exutoire.
Lorsque l’aide venue d’ailleurs s’est manifestée et m’a permis de découvrir que notre monde n’est pas aussi cloisonné et limité que notre culture me l’avait laissé entendre, lorsque j’ai reçu cet immense secours, il m’était impensable de ne pas en faire profiter les autres, mes parents, mes amis et tous ceux qui souffrent. Mes notes m’ont paru être le bon élément de départ pour transmettre, par le partage de mon expérience, cette possibilité d’ouverture à un fonctionnement fantastique encore trop marginal.
Le livre est le récit de mon vécu. Son objectif est d’aider à la démocratisation d’une réalité encore muselée par nos peurs et croyances et trop souvent encore abordée sous le manteau.
2. Ce livre a été en grande partie rédigé par écriture automatique. Comment êtes-vous venue à ce mode de communication ?
Dans notre vie, si l’on y prête attention, tous les événements même douloureux s’enchaînent pour notre évolution. Ils sont tous donnés en temps utiles pour peu que nous acceptions de nous en servir. Quand une amie m’a parlé de cette possibilité de communication élargie à un autre monde, la douleur dans laquelle je me trouvais m’a poussée à essayer. J’ai eu la chance (mais est-ce bien de la chance ?) d’obtenir très rapidement un résultat. Je ne savais pas alors que ce procédé me servirait un jour à communiquer avec des êtres ayant vécu et encore moins avec mon mari, je ne pouvais imaginer qu’un livre en serait inspiré.
J’aurais pu seulement lire des témoignages. J’aurais pu ne pas avoir une connaissance proche qui y avait recours. J’aurais pu ne pas essayer. J’aurais pu ne pas persister après les premiers échecs. J’aurais pu avoir peur. J’aurais pu ne pas être prête justement pour le décès de Pierre…
3. Quelles recommandations pouvez-vous donner aux personnes qui ont perdu un être cher et qui seraient tentées d’essayer d’établir une communication avec lui ?
N’ayant aucune connaissance du monde dans lequel je mettais le pied, je ne savais pas qu’il y a dans cet autre monde comme dans le nôtre, des endroits et des êtres fréquentables et d’autres non. Je ne l’ai appris que plus tard. J’ai reçu depuis des mises en garde et j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours de stages, des personnes s’étant trouvées en proie à des relations indésirables. Il peut arriver alors que ces contacts s’accrochent à vous et vous parasitent à des degrés pouvant amener à la dépression, la folie ou le suicide.
J’ai bénéficié de protections spontanées mais il y a également des moyens de se protéger. Si j’avais un conseil à donner à toute personne tentée d’essayer, ce serait d’être accompagnée ou de s’adresser à des associations comme "Les cygnes" à Clermont-Ferrand ou ‘’Source de Vie’’ à Toulouse.
Mais j’ai envie d’ajouter que si je comprends cette recherche de contact pour apaiser sa peine et se rassurer sur le devenir d’un être cher, la démarche ne s’arrête pas là. C’est souvent un moyen d’entamer une recherche personnelle de compréhension et l’occasion de gravir une marche vers la spiritualité. C’est dans cette ouverture à une volonté d’élévation personnelle que se trouve toute la grandeur et tout l’intérêt de l’élan.
4. L’expérience incroyable que vous relatez dans "Il était une foi" a-t-elle changé votre conception de la mort et par extension, de la vie ?
Grâce à cette expérience, j’ai compris clairement que la mort n’est pas l’opposé de la vie, juste le phénomène inverse de la naissance. La vie continue au-delà de la mort. A partir de cette certitude, comment craindre ce qui n’est qu’une étape dans notre parcours ? Seule pourrait persister la peur de souffrir au moment du départ mais en avançant sur le chemin, même cette appréhension là n’a plus sa raison d’être.
Parallèlement à ce nouveau regard sur la notion de mort, confortée par mes lectures et mes apprentissages, s’est installée l’idée de la continuité et de la réincarnation. La réalité d’une recherche, intrinsèque à chaque individu, de progression à travers ce processus a pris du sens.
Cette connaissance permet de ressentir un intérêt accru pour l’amélioration de son comportement. En effet, lorsque vous savez que votre façon d’être, vos actes, vos paroles, ont une répercussion immédiate sur votre évolution et votre devenir, vous modifiez naturellement votre attitude. Vous savez qu’il vous sera donné autant de vies, autant d’épreuves que nécessaire pour vous permettre de changer, de vous améliorer. Autant rendre la formation plus confortable.
5. Quel regard porte votre entourage sur le fait que vous communiquiez avec l’au-delà et plus particulièrement, avec Pierre ?
Certaines des personnes rapidement informées sur mes contacts ont craint que ce rapport limite mon acceptation du deuil et me maintienne dans une dépendance à Pierre empêchant une reconstruction. J’ai pu leur dire d’emblée ma conviction qu’il n’en était rien. Je savais que ce contact me permettait de survivre, de compenser pour un temps l’absence et de mieux l’accepter. Pierre m’a vite préparée à la nécessité d’une relation moins formelle et à l’idée d’une autre rencontre. Nos écrits se sont peu à peu espacés jusqu’à devenir très rares.
De façon générale tous voyaient l’aide que cela me procurait et le changement de point de vue qu’ils pouvaient eux-mêmes y gagner.